Mémoires secrets d’un Breton à la cour de Russie sous Pierre le Grand / François Guillemot, dit Villebois
Un jour de janvier 1698, au cours d’une effroyable tempête, un jeune marin breton qui n’avait pas encore 17 ans et qui naviguait sur un bateau anglais entre la Hollande et l’Angleterre, eut le sang-froid et l’audace de prendre la barre, que son capitaine, épuisé et pris de panique, venait d’abandonner. Il réussit à sauver ainsi le navire, son équipage et ses passagers. À bord du navire en perdition se trouvait le tsar Pierre Ier de Russie, qui voyageait alors incognito en Europe de l’ouest. Il proposa au jeune Breton d’entrer à son service et, à son retour en Russie, il en fit son aide de camp.
Ce jeune homme, François Guillemot, était né en 1681 à Guérande où son père était chirurgien et apothicaire. Il allait connaître une formidable destinée que rien n’aurait pu laisser prévoir. Il accompagna le tsar dans ses campagnes contre les Suédois à partir de 1700, puis contre les Turcs en 1711 et enfin contre la Perse en 1722. De 1716 à 1721, il prit une part très active aux opérations navales menées en mer Baltique contre les Suédois. Élevé au grade de capitaine de première classe le 22 octobre 1722, il devint ensuite chef d’escadre dans la flotte russe de la mer Baltique. Son ami et protecteur Pierre le Grand mourut le 8 février 1725 mais la carrière de François Guillemot se poursuivit sous ses successeurs. Il fut nommé en 1740 contre-amiral et en 1743 gouverneur du port de guerre de Kronstadt, que Pierre le Grand avait fondé en 1703. Il assista à la fondation de Saint-Petersbourg et y siégea pendant plusieurs années au conseil de l’amirauté. François Guillemot termina sa carrière militaire en 1743 avec le grade de vice-amiral de la flotte russe et il se retira dans les vastes domaines qu’il possédait en Livonie (dans l’actuelle République d’Estonie).
En 1748, il se fit construire à Ahja/Aya, près de Vönnu (ex Windau), en Estonie, un beau château que l’on peut encore admirer aujourd’hui. Puis, à partir de 1759, il fit édifier par le fameux architecte italien Bartolomeo Rastrelli un superbe hôtel particulier (toujours visible) sur la Perspective Nevski à Saint-Petersbourg, mais il n’eut pas le temps de l’habiter car il mourut avant la fin des travaux, le 17 mars 1760, à Dorpat (aujourd’hui Tartu en Estonie).
L’affection de Pierre le Grand pour François Guillemot ne se démentit jamais. Le tsar fut son parrain quand il reçut le baptême orthodoxe sous le nom de Nikita Petrovitch Vil’boa et c’est lui qui lui trouva sa première épouse, une demoiselle d’honneur de la cour, puis, après la mort de celle-ci, sa seconde épouse qui n’était autre que la propre sœur de lait de la tsarine Catherine. Ce deuxième mariage fut célébré dans la propre demeure du tsar. De ses deux mariages, François Guillemot eut plusieurs enfants, dont deux fils, Daniel et Alexandre, qui allaient eux aussi faire de brillantes carrières dans l’armée russe et avoir une nombreuse descendance jusqu’à aujourd’hui.
Collection Bretons à travers le monde
224 pages, 16 x 24 cm, décembre 2006
ISBN 978- 2-914612-21-0
20 euros